J’ai eu 51 ans dimanche… Et depuis dimanche, j’ai une drôle de sensation qui me tourne autour, un drôle de goût dans la bouche. Écrire ici ce que je ressens est peut être une solution pour comprendre de quoi il s’agit.
Dimanche donc, j’ai d’abord cru que c’était le temps tout pourri et froid qui contrastait bien trop avec les 40°C de la canicule du week-end précédant. Mais non…
Alors, je me suis dit que ça venait du fait qu’il n’y avait eu ni cadeaux, ni bougies, ni confettis… Mais non plus, ce n’était pas… De toute façon, ça s’était goupillé comme ça, sans organisation particulière dans un sens ou dans un autre. Je n’ai pas ressenti de manque. C’était juste ainsi. La fête de l’Été aura lieu dans quelques jours, le rituel de passage sera là.
Mais alors d’où vient ce « malaise » qui me tourne autour depuis 3 jours ? J’y ai beauuuuucoup réfléchi, vous me connaissez, traversée par des vagues et des vagues émotions contradictoires. Je l’ai d’abord ignoré en me disant que c’était un jour sans et qu’il fallait faire avec (paraît qu’on ne peut pas être toujours up). J’ai ensuite « accueilli le ressenti » comme on dit. Je l’ai laissé me traverser, mais il ne s’est pas barré, l’enfoiré. J’ai enfin tenté de nouveau de l’ignorer, il s’est vite rappelé à mon bon souvenir en convoquant son amie la crise d’angoisse.
Alors, je me suis posée pour l’analyser. Sans essayer de fuir ou de faire autre chose (je suis très forte à ce jeu). Cette boule qui grossissait d’heure en heure dans mon ventre et ma bouche ne pouvait, ne devait pas rester là.
1re réaction : c’est encore un coup de la Dépression. Elle bouge encore la s***pe. Qu’est-ce qu’a dit le Dr F déjà ? Ah oui, prendre mes médocs, dormir 9h par nuit, faire du sport, manger 5 fruits et légumes par jour… Mais comment dire ? Quand je suis comme ça, les conseils de bon sens si vous saviez comme je m’en cogne… Rassurez-vous, je suis révoltée, mais pas inconsciente, je prends bien mon traitement… Mais je compense… Le cerveau cherche une échappatoire et le corps prend 5 kg. Encore.
2e réaction : la Dépression a bon dos, c’est peut être autre chose. Mon rendez-vous EMDR avec la psychologue la semaine dernière a ouvert une brèche dans la carapace, on est d’accord. Mais pour le coup, ce n’est pas ce que nous avons travaillé qui résonne. Quoique, je ne m’en rends peut-être pas compte. En tout cas si c’est ça, va falloir patienter, le prochain rendez-vous est dans 10 jours.
3e réaction, et sûrement la plus constructive : et si j’essayais de comprendre ce que me disait ce malaise ? Ok, ok, alors réfléchissons bien… Quelle est l’émotion, le sentiment caché derrière ? En fait, je me sens vieille ! Oh pas vieille en âge, en nombre d’années, c’est pas ça. Je ne me sens plus bonne à rien, juste à jeter.
Ce n’est pas du tout que les choses vont trop vite, je suis encore capable de suivre, je m’accroche même si j’en perds de plus en plus l’envie. Ce n’est pas que la jeune génération pousse derrière, c’est normal et indispensable. Je les observe, j’apprends d’eux voire même, je m’inspire de leur créativité et de leur dynamisme. Peut être trop et j’en deviens pathétique parfois, il me semble.
Vous allez me dire, on ne pas être et avoir été. Je suis d’accord, mais c’est la première fois que je l’expérimente réellement. Et puis qu’est-ce qui est de mon Âge ? C’est que j’ai toujours été trop dans ma vie pour être bien adaptée, trop jeune, trop sensible, trop émotive, trop envahissante, trop absente, trop laxiste, trop rêveuse, trop grosse, maintenant je suis aussi trop… vieille. C’est ça ? Je ne renie pas mes trop d’avant, ils me caractérisent, me collent à la peau et m’ont enfermé dans des cases dons je n’arrive pas à sortir. Aujourd’hui, c’est juste un trop de plus qui se rajoute.
Je vous entends d’ici ! Nan, mais n’importe quoi !!! On est vieux que dans sa tête ! On peut rester jeune toute sa vie. Et c’est vrai. J’en suis intimement convaincue. Il n’y a pas d’âge pour continuer le ski nautique, le parapente, le marathon, devenir Tic-Tokeur, partir en trek dans l’Himalaya, regarder le soleil se lever après avoir fait la fête toute la nuit. La liste n’est pas exhaustive. Si vous saviez comme je suis d’accord.
Sauf que… J’ai la sensation que depuis dimanche, moi, j’ai basculée du côté obscure de la force. (pourquoi dimanche justement, je ne sais pas). Si je veux être tout à fait honnête, j’ai cette sensation depuis un certain temps déjà, mais elle ne s’est exprimé réellement, physiquement que dimanche. Depuis mon effondrement de cet hiver, ma sensibilité en a pris un coup. La Dépression (oui avec un D majuscule) depuis des années m’a fait croire que je n’aimais plus rien de ce qui faisait le sel de ma vie avant. Mon traitement a fini de lisser le peu d’enthousiasme qui me restait. En sortant du Château, toute neuve, retapée, avec une nouvelle molécule, j’ai eu un sursaut d’espoir. Après plusieurs mois, il est temps de se rendre à l’évidence, ça ne reviendra pas comme avant et il faut faire le deuil du Moi d’avant. Encore. C’est au moins le 3e ou 4e deuil, j’ai arrêté de faire le compte. Vous allez me dire que c’est ça de se réinventer. Sûrement. J’ai plutôt l’impression de me vider de toute substance.
Quoi ? Mais, t’y croyais toujours ? Ah ben oui, et à fond même ! Mais ni le corps ni l’esprit ne suivent… Je ne sais toujours pas ce que je j’aime, je ne l’ai d’ailleurs jamais vraiment su, mais en plus je ne suis pas prête à rendre les armes et accepter. Je n’arrive pas à me résigner. J’ai encore des sursauts d’énergie, mais jamais plus d’envie sur le long terme, et aucun projet. Et surtout plus la force de réagir. Une de mes amies dirait ça, je lui répondrai immédiatement « Aller viens, on va chercher, on va trouver ce qui te fait vibrer » et puis très vite, je lui dirais « continue sans moi, je vais te retarder »
« Pfffff, tu nous fais ch**r avec tes égarements mélancoliques incessants. Bouge ton boule. Il n’y a que toi qui peux faire avancer les choses. Il y a des gens bien plus malheureux que toi. La vérité est en toi. Tu n’as qu’à… »
Oui, je n’ai qu’à…
51 ans que je n’ai qu’à… Et que je ne le fais pas… Pendant qu’autour de moi le monde s’agite et palpite.
Y a qu’à…
Oui, y a qu’à…
Ça viendra… Ou pas… En attendant, je fugue demain… Ça me fera du bien de changer d’air.
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